Syringocystadénome papillifère : une localisation inhabituelle
A Rafik1 (aminerafik8 at gmail dot com) #, H Baha2, F Hali2, S Chiheb2, A Chlihi1
1 Centre national des brûlés et de chirurgie plastique du CHU IBN ROCHD de Casablanca, Maroc. 2 Service de dermatologie de CHU Ibn-Rochd Casablanca, Maroc
# : auteur correspondant
DOI
//dx.doi.org/10.13070/rs.fr.2.1446
Date
2015-08-13
Citer comme
Research fr 2015;2:1446
Licence
Résumé

Le syringocystadénome papillifère est une tumeur bénigne et rare des glandes sudoripares apocrines ou moins souvent, des glandes sudoripares eccrines. Il affecte surtout la tête, le visage, le cou et le tronc. L'association avec les hamartomes d'origine endocrine sébacée ou folliculaire et avec le naevus sébacé est courante. Nous rapportons le cas clinique d’un patient âgé de 50 ans qui présentait une lésion nodulaire bleuâtre, violacée, indolore au niveau dorsal dans la région lombaire gauche. Cette lésion de localisation inhabituelle, évoluait depuis un an. Une biopsie-exérèse était réalisée. L’examen histologique a mis en évidence un syringocystadénome papillifère. L’évolution a été favorable avec un recul de 6 mois, sans rechute.

English Abstract

Syringocystadenoma papilliferum is a rare benign adnexal skin tumor of apocrine or eccrine glands. It mainly affects head, face, neck and trunk. The association with sebaceous endocrine hamartomas, follicle hamartomas and sebaceous nevus is common. We report the case of a 50-year-old man who presented with a slowly increasing painless papulonodular lesion on his back. Excision biopsy was performed. Histological examination revealed a syringocystadenoma papilliferum. The outcome was favorable with no relapse nor metastasis after a follow-up of 6 months.

Introduction

Le syringocystadénome papillifère est une tumeur annexielle bénigne et rare des glandes sudoripares apocrines, ou moins souvent, des glandes sudoripares eccrines. Il est associé à un naevus sébacé dans le tiers des cas. Il est l’apanage de l’adolescent [1]. Son diagnostic est confirmé par l’histologie. Nous rapportons le cas d’un homme de 50 ans présentant un SCAP siégeant au niveau du dos, qui est une localisation inhabituelle.

Syringocystadénome papillifère : une localisation inhabituelle Figure 1
Figure 1. Lésion nodulaire bleuâtre et violacée indolore non battante au niveau du dos.
Cas clinique

Un homme de 50 ans a consulté pour un nodule cutané siégeant au niveau du dos augmentant progressivement de taille et évoluant depuis un an. L’examen clinique objectivait une lésion nodulaire bleuâtre et violacée indolore non battante au niveau du dos mesurant 1,5 cm sans halo inflammatoire ni adénopathie régionale (Figure 1).

Le patient a bénéficié d’une biopsie exérèse de la lésion d’emblée. L’examen histologique du nodule avait objectivé des structures kystiques comportant des invaginations tapissées par un épithélium cubique, bi stratifié et régulier. L’axe de ces invaginations était fibreux, œdémateux, richement vascularisé et contenant quelques cellules inflammatoires. Le nodule était souligné par une capsule fibreuse inflammatoire avec absence de signe de malignité. (Figure 2). L’exérèse était complète. L’évolution était favorable avec absence de récidive après six mois de suivi.

Syringocystadénome papillifère : une localisation inhabituelle Figure 2
Figure 2. Syringocystadénome papillifère.
Discussion

Les particularités de notre cas résident dans la rareté du syringocystadénome papillifère (SCAP), la localisation au niveau du dos et la survenue à un âge avancé (50 ans) [1, 2]. Le SCAP est une tumeur annexielle extrêmement rare. Il apparait à la naissance, au cours de l'enfance, à la puberté ou à un âge avancé [3].

Il se présente habituellement comme une lésion unique nodulaire saillante couleur brune grisâtre à surface verruqueuse ou lisse enchâssée dans une plaque cutanée plus ou moins mamelonnée [3, 4]. La lésion mesure entre 01 et 03 cm. Trois types cliniques ont été décrits : le type 'plaque' (le cuir chevelu), le type 'linéaire'(le cou ou le visage) et le type 'nodulaire solitaire'(le tronc). Les localisations rapportées sont : la tête et le cou (75%), le tronc (25%), les extrémités (5%). D’autres sites sont rarement rapportés : les bras, la poitrine, le sein, les paupières, aisselles, le scrotum, le membre inférieur et les régions inguinales et périnéales et le conduit auditif externe [1, 3, 5, 6].

La présentation clinique est non spécifique et est souvent trompeuse. La plupart des cas sont diagnostiqués par l’examen anatomopathologique du nodule. Sur le plan histologique, le syrincystadénome papillifère est caractérisé par une prolifération épithéliale connectée à l’épiderme tant exophytique qu’endophytique. Il est formé de structures tubulées et papillaires bordées par une double assise de cellules épithéliales : la plus interne cylindrique et la plus externe cubique. Le stroma tumoral est typiquement constitué d’une prédominance de plasmocytes. L’épiderme est classiquement constitué d’une hyperplasie pseudo-épithéliomateuse [3, 7]. Il doit être différencié de l’hidradénome papillifère et des métastases d’un adénocarcinome [7].

L'association avec les hamartomes d'origine endocrine sébacée ou folliculaire est courante. Dans ces cas, l’épiderme prend un aspect papillomateux ou verruqueux et selon les composantes de l’hamartome sébacé ou apocrine peuvent être notées. Dans environ un tiers des cas, il est associé à un naevus sébacé. L’association avec un carcinome baso-cellulaire est notée dans 10% des cas. L’association avec le carcinome épidermoide est moins fréquemment rapportée. La transformation en un adénocarcinome est exceptionnelle [2, 7]. En raison du risque de dégénérescence maligne, l'excision chirurgicale prophylactique complète suivie d'un examen histologique détaillé est conseillées et ils représentent le traitement de choix. Le laser CO2 représente une option thérapeutique pour les SCAP d’exérèse difficile [7].

Conclusion

Le syringocystadénome papillifère est une tumeur rare et le dos constitue une localisation inhabituelle. L’étude anatomopathologique des pièces d’exérèse est un examen fondamental permettant le diagnostic de certitude, l’élimination de la transformation maligne et les diagnostics différentiels.

Références
  1. Peterson J, Tefft K, Blackmon J, Rajpara A, Fraga G. Syringocystadenocarcinoma papilliferum: a rare tumor with a favorable prognosis. Dermatol Online J. 2013;19:19620 pubmed
  2. Elfatoiki F, Khadir K, Ouakadi A, Azzouzi S, Bahechar N, Benchikhi H. Syringocystadenoma papilliferum: Unusual location. Dermatol Online J. 2011;17:7 pubmed
  3. Rammeh-Rommani S, Fezaa B, Chelbi E, Kamoun M, Baltagi Ben Jilani S, Zermani R. [Syringocystadenoma papilliferum at an unusual site]. Ann Dermatol Venereol. 2006;133:301-2 pubmed
  4. Sangma M, Dasiah S, Bhat V R. Syringocystadenoma papilliferum of the scalp in an adult male - a case report. J Clin Diagn Res. 2013;7:742-3 pubmed publisher
  5. Steshenko O, Chandrasekaran N, Lawton F. Syringocysadenoma papilliferum of the vulva: a rarity in gynaecology. BMJ Case Rep. 2014;2014: pubmed publisher
  6. Ghazeeri G, Abbas O. Syringocystadenoma papilliferum developing over hyperkeratosis of the nipple in a pregnant woman. J Am Acad Dermatol. 2014;70:e84-5 pubmed publisher
  7. Werner Kempf MH, Heinz Kutzner, Walter H.C. Burgdorf, Renato G. Panizzon. Dermatopathologie. 2010 ed. . Springer-Verlag Paris; 2010.
ISSN : 2334-1009